Paris

Paris 

huile sur toile, 100 x 100 cm. Coll. particulière

à Carlos Pradal 

Je traversais le jardin du Palais Royal à Paris à l’instant où une meute de pigeons se battait pour un reste de sandwich abandonné dans une de ces poubelles de parc en corolle métallique tendue d’un sac plastique transparent anti-attentat. Quelque chose comme une fleur de pigeons gris-bleu. Le sol soigneusement ratissé renvoyait la lumière: peu ou pas d’ombre mais des volatiles découpés, chacun pour soi, pour prendre sa part du gâteau. Peu de couleur, tout en valeur. Ce qui est assez parisien, pour reprendre une expression de Vian. En bas à droite, sur le sol, on distingue une craie de billard. Une de ces craies bleues qui servent à apprêter les pointes de canne. Un regard plus scrutateur aperçoit une pointe de rouge et une pointe de jaune au fond de la poubelle : cela pourrait bien être des boules de billard. C’est pourquoi ce tableau salue mon défunt ami le peintre Carlos Pradal. Il fonctionnait par séries. Il a peint une série de pigeons et une autre de joueurs de billards. Et cette petite craie bleue, comme il me l’avait enseigné, vient équilibrer le tableau.