L’Anthropologue, portrait de Valeria E.
huile sur toile, 100×100 cm Coll. particulière
« Je suis touché par vos sujets, mais votre traitement manque de singularité… Ce que j’aime chez un artiste c’est la singularité, ce qui le rend unique et identifiable. » On me fait cette réflexion que j’entends volontiers et j’en profite donc pour rappeler voire préciser l’intention qui guide mon travail. L’époque moderne aime la singularité et son ostentation, ce qui est de bonne guerre puisqu’elle est celle de l’homogénéisation des individus, de la statistique et de l’anonymat, ce que Robert Musil appelait l’homme sans qualité. Le motif importe moins que la manière du peintre: c’est le fondement de l’expressionnisme figuratif ou abstrait. Et chacun de tordre son regard et sa main pour faire du style, de l’unique, de l’identifiable: de la marque dit-on dans le monde du commerce. En ce qui me concerne, la singularité subjective ne m’intéresse pas : c’est celle du tableau qui m’intéresse. Est-ce qu’il me donne à voir le monde, les êtres, le sens du présent ? C’est la singularité de la présence des choses, des êtres, de la vie que je cherche à peindre, pas celle bien illusoire du moi. Le tableau est une rencontre entre moi et le sujet à l’aune de l’oeil et de la main. Il est réussi lorsque le sens (la vie) se fait visible. La technique est à son service.