War
huile sur toile, 100x100cm
no comment
Peintre
no comment
Avec la modification en cours de notre conception de la nature, modification induite par l’imminence de sa stérilisation et la prise de conscience des effets de la disparition accélérée de nombreuses espèces, la symbolique traditionnellement attachée , selon telle ou telle culture, à tel ou tel animal se défait peu à peu. La chauve-souris des cauchemars de Goya désormais nous protège de l’invasion des moustiques et d’autres insectes. Sur le lac de mon village, à la tombée du jour, il faut voir les pipistrelles mener le bal…
Comment voir la « nature » sans la réduire à un en-face, un objet, au fond à la disposition du sujet? Comment peindre un paysage sans en faire le référent inerte d’une représentation (qu’elle soit impressionniste, expressionniste ou tout ce qu’on veut)? Je me suis posé cette question lors de mon précédent tableau: au bord du Volp. Peindre le paysage en étant pris dedans, et non depuis l’extériorité d’un sujet devant son objet… Avec ce tableau la question devient: comment peindre le vivant ? Peindre le vivant sans le réduire à un « étant », à une chose… Une tourterelle par exemple. La philosophie existentiale considère que l’humain seul est-au-monde. Seul au milieu des étants qui eux n’auraient pas de monde. Mais si aucun vivant n’est séparable de l’ensemble des vivants qui composent ce qu’on appelle encore, faute de mieux, la nature, alors ne peut-on penser que tout vivant est-au-monde? Ici pourrait commencer le respect.
Dans la nuit glacée du Sahara Occidental, descendant du peuple des « hommes libres » ( Amazigh) pour qui le mot de frontière n’a pas de sens, devenu guide pour touristes d’Europe et d’ailleurs en mal d’émotions désertiques, ce penseur, après avoir servi le thé à la menthe à ses clients, s’abandonne à la contemplation du feu. On est loin du penseur héroïque (un peu constipé?) de Rodin… Mais peut-être serait-il temps d’en finir avec les héros, même de la pensée? La pensée est une revanche de pauvre disait Jacques Rigaux et il visait la tête avec les gants de boxe d’Arthur Cravan… Et si penser n’était qu’acquiescer, non pas aux pouvoirs, mais à la beauté incalculable du feu. Héraclite toujours.
Autant je comprends l’intérêt des études de genre (gender studies) qui nous viennent d’Amérique, puisqu’elles nous permettent de repérer les figures de la domination à travers les systèmes et codes socio-culturels, autant je suis imperméable aux théories du genre (et du Queer) et aux crispations d’identité qu’elles promeuvent. Suis-je « cisgenre », L, G, B, T , I ou + (si affinités) ? Ce n’est pas l’identité qui m’importe mais le respect de la personne. Je suis une femme et un homme, comme tout le monde. Jung a dit des choses il me semble, là-dessus…
J’ai vu l’homme invisible à Madrid, à deux pas du Prado, l’autre en video à Londres. Ils se sont rencontrés dans ce tableau, au rythme d’une suite de Bach. Au confluent du réel et de l’imaginaire s’ouvre l’espace figuratif. Tel un saltimbanque, l’artiste travaille la fascination. Un tableau réussi, pour moi, capte le regard en le confrontant à l’improbable d’une présence, irréductible au simple jeu des causes et des effets. Surface et profondeur, la couleur a ce pouvoir de générer la forme à la limite du moi et du monde, là où les humains partagent l’énigme constituante du désir. Winnicott en savait quelque chose… Une petite pièce pour les saltimbanques?
La terre ne nous appartient pas, nous l’empruntons à nos enfants…
Quand les victimes deviennent des bourreaux et vice versa.
Darrell Standing a toujours été un provocateur. Une sensibilité exacerbée d’artiste, un ami passionné des peintres ainsi que le personnage d’un roman de Jack London. Darrell Standing était un loup des steppes. La veille de sa mort, ultime provocation et message d’outre-vie, il m’a envoyé un selfie accompagné de ces mots: le bouton rouge c’est fini, le bouton bleu c’est la fin. Signé Darrell Standing. Un ultime sourire s’esquisse sur ses lèvres: quel bon tour il m’a joué!… Il m’a fallu un mois de hantise pour pouvoir voir. Il voulait une peinture d’histoire: la voilà. J’ai fait ce que j’ai pu. Le terme d’historia était ce qui pour Alberti, à la Renaissance, assurait l’unité du tableau. Historia n’est devenu histoire comme « recueil des événements d’une vie » que vers le 12ème siècle, si je ne m’abuse. Puis l’académie en fera le récit d’événements exemplaires que la grande peinture se devait de figurer. Chardin pourtant l’avait retournée avec sa Raie… Une peinture d’histoire donc à la demande de feu Darrell Standing, mon ami. J’ai joué sur deux perspectives inverses et j’ai convoqué quelques-uns des personnages qui ont donné à toutes ses apparitions dans ma vie (il était comme cela, apparaissant et disparaissant aussitôt) la matière de son roman. Ce tableau a été aussi éprouvant à réaliser que bienfaisant. Je le dédie à Pierre Labille.
J’ai peint ce petit tableau il y a presque deux ans. J’aurais pu l’appeler « L’aperçue ». C’était au détour d’un de ces chemins de forêt qui ne mènent nulle part. La lumière d’automne était fraîche et douce dans les Hautes Côtes de Nuits. Les vraies apparitions ne cessent pas d’apparaître. Ne pas cesser, c’est le mystère. Au fond on essaie de toucher du temps avec des pinceaux. Des fois ça marche, d’autres fois non… Je présente ce tableautin aujourd’hui car elle m’apparaît toujours.
Lors de la fête nationale, le peuple norvégien se fait un point d’honneur à défiler en costume national traditionnel. Anne Elligers, la mère de ma compagne, ne manque pas à l’appel. Offrir pour son anniversaire, à une personne que l’on aime et respecte, son portrait, fait courir divers risques. Se fâcher avec une belle mère n’est guère recommandable… Derrière Anne Elligers, les montagnes norvégiennes sont violettes et le format singulier de ce portrait donne au personnage une stature iconique qui me plaît. Il est adéquat à la solennité de la célébration. Le paysage reprend un fragment d’un paysage romantique de Norvège peint par le peintre norvégien Johan Fredrik Eckersberg au 19ème siècle. La question des yeux a donné lieu à une rude négociation avec sa fille. En l’absence du modèle (car c’était une surprise), j’ai cherché le regard sous sa dictée. Le cadeau fut accepté, donc je peux la publier.
Chuut!… Elle dort. Je cherchais une lumière, j’ai trouvé une femme endormie. Picasso, je crois, nous apprend à voir les formes. Pour la lumière, qui ne soit pas impressionniste, ni sensation ni donnée objective, la lumière quoi, celle qui ouvre la vision, il faut aller voir chez Vallotton, Chardin, De la Tour, Léonard évidemment… Et après on essaie, on fait de son mieux.
J’espère que ce n’est pas le seul… Toute la durée de la réalisation de ce tableau a été un moment difficile pour moi. Drôle comme la vie suit les chemins de notre imaginaire (et l’inverse)… Il y a certainement un cri, ici. Un cri passionné, au fond joyeux mais aussi terrifiant et triste. Le jeu de balle donnait lieu à des sacrifices humains dans les civilisations pré-colombiennes. Nous en avons hérité quelque chose sans doute. A la fois une profondeur et une cruauté immémoriales et un surgissement perpétuel, extatique. Il jaillit ce diable barbu, sur fond de ce bar qui, comme tous les bars, devient vecteurs d’émotions dans la nuit. Hooper le savait bien.
Les colonnes attendront… Tel un grand d’Espagne, je m’en remets au tribunal d’une marguerite.
Rue Saint-André des Arts, à Paris il y a trois ou quatre ans, ils jouaient dans la fraîcheur grisâtre d’automne, cette musique de rue par excellence: le New Orleans. Ils éclairaient le trottoir. Ce tableau aurait pu s’appeler « The old musicians » puisqu’ils jouent aussi pour arrondir leur bien faible retraite. Mais le Jazz de la Nouvelle-Orleans emporte tout ça dans son swing. C’est ce swing que je voulais peindre. Ai-je réussi? En tout cas j’ai joué avec les couleurs primaires, comme Mondrian et son « boogie woogie » mécanique. Vous l’entendez, ce tableau?
La commande est un exercice périlleux puisqu’il faut plaire au commanditaire tout en continuant son chemin de peintre. Le portrait, évidemment, pose la question de la ressemblance. Un mot qui fait peur depuis que la photographie existe. L’hyper-réalisme qui talonne la photo fait généralement des tableaux morts. La ressemblance sans la vie n’est rien. J’espère en avoir saisi. Pépita, la chienne, nous regarde d’un oeil, regard que la photo du tableau ne parvient pas à saisir.
Ici, évidemment, je cherchais un espace intérieur. Ce qui impliqua une composition et une lumière. Six sources lumineuses modèlent cet espace. La complexité de la composition implique à la fois l’illusion perspective, le jeu des lignes dont les mouvements s’autorisent et la dynamique des couleurs. Le fauteuil rouge est entré tout de suite, comme le gilet bleu. La culotte rose, en plein centre du tableau et son titre, donnent l’intention spirituelle. Que l’esprit soit dans la culotte, ce n’est jamais certain mais c’est un risque à prendre pour voir l’intimité. L’escalier l’emporte en spirale jusqu’à la bibliothèque que l’on devine en haut. L’universel n’est pas exclu.
ecce homo
On me demande ce que signifie l’huile sur toile d’un mètre sur un mètre intitulée : «Ce fameux magicien».
«Ce fameux magicien» est née d’un dialogue entendu entre deux jeunes dont l’un, épaté par une paire de chaussures de sport «collector» vendues 6000 euros, affirmait qu’il les achèterait s’il avait l’argent, assurant qu’il les porterait en faisant très attention évidemment.
Quand mes parents ont découvert ce tableau, ils ont éclaté de rire en disant que je leur faisais un enterrement de première classe! Il est vrai que leur échange de regards, ici, comme hors du monde dans cet espace indélimité, était ce qu’il me fallait parvenir à peindre. Je les ai fait poser, j’ai fait des photos dans le patio d’une bergerie des Corbières mais la beauté de la pierre et le chant des cigales n’était pas mon propos. C’était une histoire d’amour qui était en jeu. Les contingences s’effacent.
Bravant des interdits sanitaires contestables et contestés, durant la pandémie du covid, la projection d’un excellent film de Jean Samouillan relatant le périple des chèvres en estive et l’auto-organisation d’une communauté de bergers, fut l’occasion d’une fête d’une rare élégance. Les chemins de montagne permettaient de fuir en cas d’assaut de la maréchaussée. La lumière était rose et l’on mangeait le chevreau avec du vin jeune. Cela, à mon sens, méritait le tableau. Il est aujourd’hui chez un maître de Qi Gong.
C’est l’un de mes plus beaux tableaux. Un jour d’hivers je passai au pied de l’eglise Saint-Eustache à Paris dans le quartier des Halles. A l’arrière de l’église se trouve une petite porte qui ouvre sur une salle de taille respectable dans laquelle une association, catholique je suppose, distribue du café chaud aux Sans Domicile Fixe comme on dit. Il y a une petite fenêtre à barreaux sur le côté qui peine à éclairer la salle ne serait-ce que d’un halo. J’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu ça. Les personnages sont venus tout seuls et leur histoire n’est pas prête d’être réglée.
corona
Pour un couronnement c’est le couronnement! Masqué par l’autorité de l’Elysée. L’Elysée de Paris, pas celui des Grecs car ici les morts ne se reposent pas. On les somme de répondre à la télévision. Ils parlent, ils parlent par la bouche des experts à faire parler les morts. Tout le monde a peur. Le tableau accroché au mur derrière les deux figures s’appelle Paris. C’est une fleur de pigeons. Je l’ai vendue à l’exposition de la galerie Babel. Les deux figures forment un couple dans la vie comme dans les contes. Le conte pandémique qui les masque est susceptible de leur ficher le blues. Pourtant il y a de l’air et il fait soleil dehors. Heureusement un scarabée est entré qui, comme chacun sait, est un symbole égyptien. J’ai peint ce tableau avec une rapidité de bon aloi qui affirme les touches et en fait naître les formes.
Mon admiration pour l’oeuvre de Manet ne fait aucun doute. Comme lui, je crois qu’une des dimensions majeures de la peinture nous est révélée par Velasquez. On sait le goût de Manet pour une certaine provocation. A ce jeu je lui rend humblement hommage avec ce déjeuner sur l’herbe où ce sont les hommes qui sont nus et une femme qui regarde. D’où le sous-titre. Peindre la lumière et les reflets de la rivière fut un grand plaisir. La photo du tableau est mauvaise, la couleur est voilée à droite, je la referai c’est promis.
J’ai peint cette toile en mémoire de ces moments d’épuisement et de plaisir que nous connûmes, mon neveu que j’avais embauché, un ancien étudiant devenu un ami venu nous aider et moi, lorsque nous construisions un étage de plus à ma maison, en plein mois d’août sous un soleil de plomb. Vers midi, quand la chaleur devenait impossible, brûlants, sales et en sueur, nous nous jetions tout nu dans l’eau fraîche du Volp, le torrent que domine ma maison. La lumière était si belle que j’ai fait une photo pour marquer la scène. Deux ans plus tard est né ce tableau. Un format assez imposant permet d’entrer aisément dans le sous-bois. J’ai peins sous les arbres en train de venir à la pointe du pinceau ou de la gouge de la brosse. J’étais dedans. Je retrouvais la scène avec sa fraîcheur tiède d’eau ombrée, sa volupté tranquille d’y être nus, sa convivialité d’Eden. Et j’ai ajouté le regard de ma compagne par l’incarnation picturale soudaine de ses jambes. A-t-elle pris la photo? Non. Et pourtant elle regarde.
le pain des autres
Ce tableau vient du regard central, celui de l’adolescent. Un regard mêlé de méfiance de reproche et d’expectative. Ce regard m’a saisi à travers une photo de reportage publiée par le journal catho La Croix. Ce violet et ce jaune ont la couleur du regard, c’est rare. La grenade est entrée peut-être aussi par un jeu de mot mais elle pose une question colorée qui rend possible que tout ne soit pas joué.
auto-portrait
L’autoportrait est un genre à part entière. Car si la peinture peut mystifier c’est bien là. Qui est le peintre? Celui qui pose ou celui qui peint? La question se pose un jour d’hiver où le temps n’est pas à sortir. La lumière dramatise une espèce d’ennui. Le moulin à vent portatif est l’accessoire de tous les aventuriers depuis que Dulcinée existe. En fond, il y a une partie du tableau « La pointe Saint-Eustache » cette salle qui accueille des SDF qui eux n’ont même pas une maison pour s’enfermer.
à Carlos Pradal
Je traversais le jardin du Palais Royal à Paris à l’instant où une meute de pigeons se battait pour un reste de sandwich abandonné dans une de ces poubelles de parc en corolle métallique tendue d’un sac plastique transparent anti-attentat. Quelque chose comme une fleur de pigeons gris-bleu. Le sol soigneusement ratissé renvoyait la lumière: peu ou pas d’ombre mais des volatiles découpés, chacun pour soi, pour prendre sa part du gâteau. Peu de couleur, tout en valeur. Ce qui est assez parisien, pour reprendre une expression de Vian. En bas à droite, sur le sol, on distingue une craie de billard. Une de ces craies bleues qui servent à apprêter les pointes de canne. Un regard plus scrutateur aperçoit une pointe de rouge et une pointe de jaune au fond de la poubelle : cela pourrait bien être des boules de billard. C’est pourquoi ce tableau salue mon défunt ami le peintre Carlos Pradal. Il fonctionnait par séries. Il a peint une série de pigeons et une autre de joueurs de billards. Et cette petite craie bleue, comme il me l’avait enseigné, vient équilibrer le tableau.
l’étoile de mer
Je crois en la beauté. Cela peut sembler ringard depuis que l’Art a laissé la beauté à la Mode, mais je m’en moque. La beauté c’est la gloire, ce qui brille sans raison. J’ai peint une femme au bain de mer. Cette belle femme que je vois en beauté. Mais je la vois double: une partie dessinée par le soleil, une partie peinte par la diffraction de la mer. La première demandait le pinceau au plus près de la ligne, la seconde la brosse, assez large, pour entrer dans le courant. La lumière est toute en éclats.
C’est un thème académique que la femme nue. Mais les académiciens n’ont pas le monopole du légendaire beau sexe! Et puis ça fait longtemps que l’académie n’existe plus…
aperçue
Je l’ai aperçue dans le TGV Toulouse-Paris. J’ai appris par la suite que sa tenue était celle des « Lolitas » des mangas. D’ailleurs lorsqu’elle était exposée à Paris, les jeunes japonais s’arrêtaient pour la prendre en photo. Pour rendre l’atmosphère plastifiée et conditionnée du train, il était nécessaire de suivre le design à la lettre en travaillant par touches fines et à-plats. Dans le reflet de la fenêtre, on devine son Nabokov qui l’observe. Rappelons que l’écrivain russe, contrairement à la méprise trop fréquente, n’a jamais fait l’éloge de cette condition.
au-dessus de Vielha
Une randonnée en montagne m’a donné deux tableaux. Celui-ci et « Parmi les pierres », un nu de plus grand format. Le challenge, c’était la roche et le plaisir manifeste de la randonneuse.
Je l’ai vécu comme une méditation picturale. Tout y est : l’ordre des couleurs de la feuillaison, le mouvement des rails que la végétation envahit, les éclats de pierre dure et coupante, de celle dont on fait des maisons et des tombes. Le passé qui s’enfonce, l’avenir qui éclaire d’une lumière diffuse sans précisément orienter le présent, la philosophe est en arrêt. Elle regarde l’instant, comme une flèche plantée dans le sol. Tout est couleur virevoltante autour d’elle. Un bonheur de touches à poser les unes sur les autres pour voir si des cailloux apparaissent ou des feuilles ou des herbes… et une flamme bleu-nuit et une cascade d’or, allongées à la brosse.
qui suis-je?
Cette vache m’a parlé. Elle m’a demandé qui elle était pour me parler. J’ai essayé de lui faire un dessin mais ça a fait une peinture. Comme toujours je me demande comment j’ai pu peindre comme ça à la brosse légère, en deux temps trois mouvements. La technique est assez impressionniste mais la lumière est arrêtée par l’animal. Une vache ça se maçonne, c’est un grand corps lourd mais il fallait lui trouver le regard. Essayez de peindre le regard d’une vache, vous verrez. Il ne faut pas qu’aimer les steaks! Car c’est vivant le bestiau. Et puis elles le font chier, les mouches!…
impression d’hier
Un souvenir. il y fallait une approche un peu impressionniste. Peu de coups de pinceaux mais la nostalgie aidant, c’est venu comme ça. Je l’ai offert à leur mère.
les cousins
David Hockney a su peindre la piscine et cette couleur presque métallique de l’eau. Les petits cousins y chahutant font comme une grosse fleur d’écume et d’éclats. Ce tableau est bruyant j’espère.
Pierre Labille, admirateur de Martial Raysse
Pierre Labille est l’ami d’enfance qui a organisé ma première rencontre avec Martial Raysse. En 2014, une rétrospective de ce grand peintre s’était tenue à Beaubourg et j’étais tombé en arrêt devant un tableau monumental intitulé « Les deux poètes ». On voit un fragment de ce tableau en fond. Fasciné, l’idée m’était passée par la tête de faire un film avec Martial Raysse devant ce tableau. Deux ans plus tard, grâce à Pierre, je le rencontrais à une exposition de ses dessins et je lui soumettais sans préambule l’idée. Je savais qu’il n’aimait guère être filmé mais à la surprise de tous il accepta. Le directeur de Beaubourg me donna accès au tableau conservé dans les Réserves et m’accorda sa mise à disposition une journée entière dans un local éclairé par la lumière du jour. C’est là que je tournai un film de 45 minutes qui me réjouit toujours, tant Martial est présent à l’image et d’une autorité précieuse sur son travail et la peinture en général: « Martial Raysse devant les deux poètes ». Plus tard, Pierre m’a offert deux toiles vierges de petit format en me suggérant d’en peindre une pour lui. C’est ce tableau. On y voit Pierre et Martial sur le « plateau » du tournage, devant « Les deux poètes »… Lorsque je le montrai à Martial, il s’exclama: tiens, le loup des steppes! D’où son titre.
19, ressenti 26
Comme son nom l’indique c’est un matin. Il y avait du soleil qui séchait la rosée et un homme nu dans ma chambre. Je l’ai croqué. Tout est dans la lumière du matin. Il fallait la faire entrer dans un tout petit format carré. C’est fait.
c’est la faute à Voltaire
Comme une apparition. Une silhouette diaphane que son manteau trop grand et pesant retient de s’envoler. Une pose de paparazzi et un contraste risqué entre la matérialité de la rue et l’évanescence du visage, la couleur massive des choses et les transparences de la chair, incitent à ressentir la nudité du corps.
feu Henry-Frédéric Roch, co-propriétaire de la Romanée-Conti, créateur du Domaine Prieuré-Roch.
Faire le portrait d’un ami défunt n’est pas facile. Surtout quand son souvenir trop jeune n’a pas encore trouvé sa place parmi nos pénates. Une pâleur de mort rôdait dans ce tableau. Je l’ai retouché trois ans après. La vie a repris le dessus. C’est elle qui alimente notre souvenir.