Être-au-monde

Comment voir la « nature » sans la réduire à un en-face, un objet, au fond à la disposition du sujet? Comment peindre un paysage sans en faire le référent inerte d’une représentation (qu’elle soit impressionniste, expressionniste ou tout ce qu’on veut)? Je me suis posé cette question lors de mon précédent tableau: au bord du Volp. Peindre le paysage en étant pris dedans, et non depuis l’extériorité d’un sujet devant son objet… Avec ce tableau la question devient: comment peindre le vivant ? Peindre le vivant sans le réduire à un « étant », à une chose… Une tourterelle par exemple. La philosophie existentiale considère que l’humain seul est-au-monde. Seul au milieu des étants qui eux n’auraient pas de monde. Mais si aucun vivant n’est séparable de l’ensemble des vivants qui composent ce qu’on appelle encore, faute de mieux, la nature, alors ne peut-on penser que tout vivant est-au-monde? Ici pourrait commencer le respect.

Une nuit andalouse

Dans la lumière fluorescente d’une chambre d’hôtel illuminée par l’eau verte des jets d’eau de la plaza del triunfo à Grenade, au pied de l’Albaicín où nous étions allé contempler le coucher du soleil au son des guitares flamencas d’un petit groupe de jeunes aficionados débusqué au détour d’une ruelle blanche sur l’une de ces minuscules terrasses jardins dominant la ville catholique, je t’ai aimée à en pleurer, belle nuit verte d’Andalousie!

L’artiste, portrait de Philippe Pacalet

huile sur toile, 100 x100 cm

Je connaissais Philippe Pacalet de réputation… Je me souviens d’un déjeuner en compagnie d’un riche vigneron du Languedoc qui, comme j’annonçai ma préférence pour les vins « nature », remonta de sa cave un magnum sans étiquette issu d’une cuvée vinifiée sans intrant. C’était son vin mais comme métamorphosé dans sa souplesse, sa chair et la fraîcheur de son fruit. Il avait fait cette expérience en embauchant Philippe Pacalet. Dans ma série de portraits de vignerons, il me fallait cet « artiste » dont les vins, issus de nombreuses parcelles de propriétaires des Côtes de Nuits et de Beaune qu’il conduit et vinifie pour son compte, exaltent la beauté nature des climats de Bourgogne. Mon ami Roberto Petronio, collaborateur de la Revue des Vins de France, me les avait fait goûter et il organisa une rencontre chez Philippe à Beaune. Dans la cuisine de son appartement où son épouse brésilienne nous offrit à dîner, je fis quelques photos et Roberto, mieux équipé, en prit quelques-unes plus assurées. Fort de ces clichés et du souvenir de la dégustation en cave qui initia cette délicieuse soirée, j’ai tenté ce portrait d’un homme que je ne connais pas assez sans doute pour saisir toutes les facettes, mais dont je crois avoir capté un peu de sa présence.

Ô scarole!…

huile sur toile, 20×20 cm, coll. particulière Prix500€ + envoi

Que Chuck Berry me pardonne ce titre. J’ai savouré la moitié de cette salade au déjeuner, j’en ai gardé le coeur pour l’atelier. La scarole est fragile, il faut aller vite avant que ne s’affaisse sa cascade de feuilles. On en mangerait, j’espère…