Au jardin

Je cherche à voir le paysage. Mis à part Léonard, la peinture renaissante et classique l’appréhendait du point de vue de la forme avec, en quelque sorte, le regard d’une statue grecque. L’impressionnisme l’a approché par la lumière. L’expressionnisme à travers la défiguration émotionnelle. L’art moderne avec le regard du citadin et sa vision éloignée en masses. Cézanne et De Staël ont peint de splendides paysages modernes. Balthus, dans ses paysages italiens a tenté de concilier les visions moderne et classique. Celle des paysagistes professionnels calcule plus qu’elle ne voit. Quelle est la nôtre? Je ne sais pas. Ici, au jardin, nous oscillons entre le striptease photographique, l’impression lumineuse, le désir de la forme et le pressentiment de sa dislocation. Entre le corps du paysage et le paysage du corps.

La crucifixion en rose

J’ai commencé ce tableau il y a 4 ans et si je l’ai publié à l’époque (voir le tableau « signe de vie ») je ne l’ai jamais exposé car, remisé au fond de l’atelier, il attendait que je le comprenne pour pouvoir le terminer. L’évolution de mon travail et ma réflexion incessante sur les rapports de la figure et du fond, m’ont permis aujourd’hui de l’achever. La crucifixion en rose est le titre de la superbe trilogie romanesque d’Henry Miller. En rose, elle est celle du désir sans doute et celle du regard oscillant entre les axes…

Ana

huile sur toile, 100x80cm

Ana Nebaskova est gymnaste. Je l’ai rencontrée sur internet où, pour quelques sous probablement, elle a accepté d’effectuer ses figures entièrement nue. Mais en réalité, Ana n’existe pas. Elle n’est qu’un signe, un pur signe, qui insiste plus qu’il n’existe, comme l’objet du désir, comme la messagère des dieux de Rodin, comme certains nus de Picasso. Car le corps, lorsqu’il devient entièrement signe, jusqu’à l’obscénité même (Georges Bataille et Henry Miller l’ont démontré), n’est qu’esprit.

Memento Mori

huile sur toile, 116×89 cm Prix3000€ + envoi

Ce que l’esclave disait au général romain victorieux, beaucoup de nos contemporains devraient l’entendre, nombre de nos ultra-riches, de nos chefs, de nos scientifiques, de nos technocrates et de tous ces trans-humanistes qui espère tromper la mort en s’adonnant aux illusions du pouvoir et de la machine: memento mori! J’ai pensé ce tableau avant tout comme un hommage à Andrea Mantegna. Regarder la réalité en face était son fort, le quinzième siècle l’admira. Nous avons à en apprendre aujourd’hui avec nos images et nos vies de plus en plus hors sol. Regarder la réalité en face, non pour la prouesse de l’imitation, de la copie ou de je ne sais quel trompe l’oeil, non, mais parce qu’elle seule est belle avec tout son tragique et sa joie. Il n’y en a pas d’autre. Memento mori, pour beaucoup de Romains, avant que l’Eglise ne s’en empare, signifiait aussi: carpe diem.

Fitness

huile sur toile, 115×80 cm Prix3000€ + envoi

Vivre son corps, son image et sa performance, ne se fait plus à la légère. L’Amérique a inventé le mot fitness. Il faut des procédures, des coaches, des machines, des écrans, pour gérer cette petite entreprise de viande qui nous fut léguée en naissant sans garantie contractuelle.

Ce tableau, qui conjugue trois tableaux en un, ressemble à une méditation sur la mystérieuse relation de l’âme et du corps. Entre le décorum et l’obscénité, le rituel et le calcul, il n’y a que l’esprit (à tous les sens du mot) qui puisse nous sauver.

La culotte rose

huile sur toile, 115×90 cm Prix3500€ + envoi

Ici, évidemment, je cherchais un espace intérieur. Ce qui impliqua une composition et une lumière. Six sources lumineuses modèlent cet espace. La complexité de la composition implique à la fois l’illusion perspective, le jeu des lignes dont les mouvements s’autorisent et la dynamique des couleurs. Le fauteuil rouge est entré tout de suite, comme le gilet bleu. La culotte rose, en plein centre du tableau et son titre, donnent l’intention spirituelle. Que l’esprit soit dans la culotte, ce n’est jamais certain mais c’est un risque à prendre pour voir l’intimité. L’escalier l’emporte en spirale jusqu’à la bibliothèque que l’on devine en haut. L’universel n’est pas exclu.

Parmi les pierres

huile sur toile, 100×100 cm Prix2500€ + envoi

Ce tableau est né en deux temps après trois journées magnifiques à marcher dans la montagne au-dessus de Vielha (Pyrénées espagnoles). Le contraste du corps et de la pierre découpé par le soleil, la pose sculpturale, les falaises et l’immensité bleue composent un cliché paradisiaque dont la belle femme aveuglée grimace. Des lunettes de soleil seraient inacceptables.

Prix2500€ + envoi

Totem 

huile sur toile, 116 x 89 cm.  Prix2000€ + envoi

nous les indiens

Entre horizontale et verticale il y a une femme nue qui lit. J’ai peint ce tableau entièrement avec une brosse large de trois centimètres. Les ombres des volumes viennent de grandes touches exactes. Cela exige un geste à la fois extrêmement libre et précis, traversé par l’intention. Quand il est raté, on l’essuie et l’on recommence. C’était la technique du peintre Carlos Pradal. Je l’ai apprise en le regardant quand j’avais vingt ans.

Les copines

huile sur toile, 100 x 100 cm. Coll. particulière

 l’heure du pic-nic 

Ça se passe très certainement dans le Nord de l’Europe. Elles se promènent comme ça aux beaux jours lorsqu’elles reviennent d’une baignade dans le lac. J’ai essayé de peindre cette insolence de la beauté.

Peinture avec essuie-glace pour mauvais jour

huile sur toile, 100×100. Coll particulière

Le cliché on peut en partir mais il ne faut pas y arriver, disait en substance Alfred Hitchcock. Je le frôle ici. L’essuie-glace m’a sauvé: je peux le voir. Certaines images sont trop belles pour être vraies. Il y a toujours un défaut majeur dans le rêve sinon on se réveille. Aussi ce tableau peut sembler terriblement truqué comme lorsqu’on court sans espoir derrière le tram et que pour en finir on est dedans. C’est du rêve à deux balles mais l’écume de la vague qui glisse sur le sable et le corps doré d’une belle femme, ça me plait. Ça a plu aussi à la femme d’un ami qui l’a voulu pour décorer sa nouvelle maison. Son mari, jaloux, veut un tableau de dîneurs. Ça pourrait bien arriver…

Prix3500€ + envoi

Le déjeuner sur l’herbe

huile sur toile, 100×150 cm, coll. particulière Prix3500€ + envoi

Mon admiration pour l’oeuvre de Manet ne fait aucun doute. Comme lui, je crois qu’une des dimensions majeures de la peinture nous est révélée par Velasquez. On sait le goût de Manet pour une certaine provocation. A ce jeu je lui rend humblement hommage avec ce déjeuner sur l’herbe où ce sont les hommes qui sont nus et une femme qui regarde. D’où le sous-titre. Peindre la lumière et les reflets de la rivière fut un grand plaisir. La photo du tableau est mauvaise, la couleur est voilée à droite, je la referai c’est promis.

J’ai peint cette toile en mémoire de ces moments d’épuisement et de plaisir que nous connûmes, mon neveu que j’avais embauché, un ancien étudiant devenu un ami venu nous aider et moi, lorsque nous construisions un étage de plus à ma maison, en plein mois d’août sous un soleil de plomb. Vers midi, quand la chaleur devenait impossible, brûlants, sales et en sueur, nous nous jetions tout nu dans l’eau fraîche du Volp, le torrent que domine ma maison. La lumière était si belle que j’ai fait une photo pour marquer la scène. Deux ans plus tard est né ce tableau. Un format assez imposant permet d’entrer aisément dans le sous-bois. J’ai peins sous les arbres en train de venir à la pointe du pinceau ou de la gouge de la brosse. J’étais dedans. Je retrouvais la scène avec sa fraîcheur tiède d’eau ombrée, sa volupté tranquille d’y être nus, sa convivialité d’Eden. Et j’ai ajouté le regard de ma compagne par l’incarnation picturale soudaine de ses jambes. A-t-elle pris la photo? Non. Et pourtant elle regarde.

Fleur bleue 

huile sur toile, 40 x 40 cm. Coll. particulière

love is a drug 

La scène s’est déroulée un après-midi dans une chambre de la Côte de Nuits. La pose était académique, un moineau en témoigne. Dans les plis des draps il y avait la mer, les nuages, les cascades et au milieu une fée blanche comme un signe cabalistique. C’était la beauté. A sa marge, il y a un ruban de nuit.

Vanité 

huile sur toile, 195 x 114 cm.  Prix4000€ + envoi

La Vanité comme genre pictural est apparue au début du XVII ème siècle, particulièrement en pays protestant. L’individu méditant, les objets « symboliques » du savoir et de l’étude, le sablier et le contraste énigmatique du crâne alimentent la mise scène de la présence de la mort dans la conscience. Sauf le crâne, tout est dans l’ordinateur aujourd’hui. Nous lui donnons tout et nous restons tout nu comme des cons dans la nuit. Derrière, on aperçoit mon village, la ruine du couvent que l’on vient d’inscrire au Monuments historiques. Heureusement, comme un antidote, il y a, négligemment abandonnés sur le plancher, un bustier et une culotte de la Princesse Tam Tam qui brodent sur cette situation.

dans le monde des images

Skyping veduta

huile sur toile, 50×70 cm Prix1500€ + envoi

dans le monde des images

La veduta est cette fenêtre ouverte sur le monde, en arrière plan, dans les tableaux de la Renaissance italienne. Skype est un logiciel de communication audiovisuelle par internet. Il s’agît bien de monde et d’écran. La femme qui montre son corps à l’écran est l’interlocutrice. Le partenaire de l’échange médiatique est le peintre que l’on aperçoit en train de peindre ce tableau dans le mini écran de contrôle en haut à droite. L’écran de contrôle nous indique donc, si c’est le peintre qui communique avec ce superbe tronc de femme, que l’ensemble du tableau est l’écran que voit le peintre qui regarde cette femme devant sa fenêtre ouverte sur les toits de Paris. Or sur l’écran de contrôle, le tableau n’est pas fini, on le voit très bien. Le peintre est un menteur. La figuration, un alibi pour montrer le corps d’une belle femme nue. D’ailleurs, par la fenêtre, on voit aussi très bien un voisin qui sonne de sa trompette pour que la femme se retourne! Mais nous l’avons saisie avant.

Baigneuse

huile sur toile, 100 x 100 cm. Prix2500€ + envoi

l’étoile de mer

Je crois en la beauté. Cela peut sembler ringard depuis que l’Art a laissé la beauté à la Mode, mais je m’en moque. La beauté c’est la gloire, ce qui brille sans raison. J’ai peint une femme au bain de mer. Cette belle femme que je vois en beauté. Mais je la vois double: une partie dessinée par le soleil, une partie peinte par la diffraction de la mer. La première demandait le pinceau au plus près de la ligne, la seconde la brosse, assez large, pour entrer dans le courant. La lumière est toute en éclats.

C’est un thème académique que la femme nue. Mais les académiciens n’ont pas le monopole du légendaire beau sexe! Et puis ça fait longtemps que l’académie n’existe plus…

Odalisque 3.0

huile sur toile, 100×150 cm Prix3000€ + envoi

Lorsque j’ai emmenée pour la première fois ma compagne se dorer nue sur cette plage encore « sauvage » car recouverte par la mer en hiver et donc fréquentée par des adeptes de la tranquillité, elle se retournait parfois pour s’assurer que personne ne nous regardait. Son corps et son mouvement de torsion me fit penser à la Grande Odalisque. Comme elle, elle se tordait pour voir. Ingres lui cache les fesses car c’est elle qui regarde. Ici ce n’est pas elle, mais un drone de la gendarmerie qui observe: le 3.0 est l’âge du numérique où rien ne doit échapper au regard des machines. Cet oeil, est-il contrôleur ou voyeur? Espion ou libertin? La répression du désir et sa sublimation sont des questions de société. La beauté répond ailleurs, en s’offrant au regard. Pas plus, pas moins. Flics et importuns s’abstenir. J’aime bien le modelé du sable.

Une nuit à Périgueux 

huile sur toile, 30 x 30 cm. Coll. particulière

instantané 

J’ai toujours un mini appareil photo dans la poche, même quand je suis nu. Dans la chambre d’un gîte à Périgueux où je passais la nuit, j’ai vu une femme attrapant la serviette pour sortir d’une douche à l’italienne. La femme au bain est un sujet « classique ». La douche qui se montre dans une cache de verre, une fantaisie contemporaine. Le contre-jour réfléchi fait exister la scène. La silhouette du photographe, croisant le corps en extension dans le reflet des rideaux, érotise la situation. La peinture vient donner l’irréalité nécessaire pour laisser vaguer le désir. Ce n’est sans doute rien d’autre, le réalisme en peinture.

Les amants du Pont Cardinet

huile sur toile, 100 x 50 cm. Prix1500€ + envoi

Ce tableau aurait pu s’appeler: la vie est un roman. C’est le titre d’un film de Lelouch, mais c’est à Léo Malet que je pensais. Quelque chose de nocturne, plus ou moins licite et soudain, comme toute passion. Peindre la nuit est très plaisant car on peint des fantômes. Par la fenêtre ouverte sur la nuit d’été on distingue à peine un train qui passe dans l’immense tranchée des rails qui conduisent à la gare Saint-Lazare et, au dessus, les immeubles qui montent vers Montmartre. Le couple d’amants enlacés, éclairé comme par le flash d’un flagrant délit, se moque autant de voir que d’être vu.

Signe de vie

huile sur toile, 100 x 100 cm

à Werner Herzog

Deux ans après avoir peint ce tableau, je pense qu’il n’est pas fini. Néanmoins je l’expose car je ne le crois pas raté.

Matin

huile sur toile, 30 x 30 cm. Coll. particulière

19, ressenti 26

Comme son nom l’indique c’est un matin. Il y avait du soleil qui séchait la rosée et un homme nu dans ma chambre. Je l’ai croqué. Tout est dans la lumière du matin. Il fallait la faire entrer dans un tout petit format carré. C’est fait.

Parmi les fleurs 

huile sur toile, 100 x 80 cm.  Prix2500€ + envoi

l’instant d’après la pose

Pour moi, la peinture figurative, à la différence de la figuration photographique, présente toujours l’instant d’après. La pose du modèle n’y est pas arrêtée et fixée par le cliché ou alors la peinture est ratée, mais plutôt en suspens dans le temps. Certaines photos parviennent, rares mais c’est là qu’elles touchent l’art, à saisir non un passé mais quelque chose d’avenir. Devant une belle peinture j’ai l’impression que l’événement qui a lieu est imminent.

Lucie pose 

huile sur toile, 100 x 80 cm.  Prix2000€ + envoi

sur internet 

Lucie a manifestement posé. Mais pas pour moi. Pour un ou une photographe sans doute – je n’ai pas trouvé l’auteur(e) -, car la lumière qui l’éclaire ressemble fort à celle d’un flash. Elle découpe le volume et fait briller la peau. D’ailleurs, si l’on s’approche du tableau, on distingue dans le reflet de l’objectif de l’appareil photo posé sur la commode, le dispositif d’éclairage, les parapluies et la personne qui shoote! Dans cette chambre d’hôtel qui me rappelle celles de l’hôtel Sevilla à la Havane, Lucie m’a montré ce corps monstrueux et splendide qui donne la vie.

Perspective 

huile sur toile, 100 x 80 cm.  Prix2000€ + envoi

et vice versa 

Ce tableau a fait l’affiche de ma première exposition. Plongée et contre-plongée y sont associées. Que voit-elle? Cet homme nu que montre le cadre? La personne qui regarde le tableau? Une telle intimité tranquille d’une femme nue qui se brosse les cheveux et ce regard qui semble dire: tu me regardes encore, ou: tu n’as pas fini de faire le malin!… C’est comme on veut, une affaire de perspective.

La Cariatide du Volp

huile sur toile, 100×50 cm Prix1500€ + envoi

C’est la Parisienne, nue dans le jardin. Comme la Parisienne, le corps est quasi transparent (la photo le rend mal), comme un reflet de chair dans le jardin plombé de soleil. Dans l’herbe, à ses pieds, le livre « Critique de la Raison Pure » d’Emmanuel Kant accuse le phénomène.

Chaque tableau définit son point de mire, la distance a priori à laquelle il se donne le plus complètement à voir. Celui-ci se savoure en s’approchant à un mètre.

La cabriole des Coussoules 

huile sur toile, 80 x 65 cm.

baigneuse à sensations… 

Après une trentaine d’année de digression professionnelle: mon premier tableau. Une joie folle de peindre à nouveau. L’étonnement intense de constater que je le pouvais, sans inhibition d’aucune sorte, pour re-voir. Non que je n’aie vu pendant ces années mais j’avais vu à travers les mots et des poèmes comme « Sept octaves et demi » ou les centaines des séries que sont « Volp » ou « Basilic »… Voir avec l’oeil et la main relève d’un autre métier. La photo n’était plus concurrente mais alliée. L’esprit, plus libre peut-être dans la confrontation au hasard de la matière picturale à travers la touche. Car la peinture exige de toucher pour voir, avec le pinceau ou la brosse, et de la matière visqueuse chargée de pigments. La femme entrant dans l’eau, froide aux fesses, d’une plage de la méditerranée, je l’ai vue d’abord. La puissance du soleil et les remous brillants de l’eau sur ses hanches sculptent son buste comme une statue. Et le bruit du vent est entré sur la toile par le glissement claquant d’un véliplanchiste effectuant un salto.